Sandrine Thiebaud Mathieu
De mots, de fils et d'épingles
Amoureuse des mots, Sandrine Thiébaud Mathieu les note au fil de ses lectures et de ses écoutes musicales. Elle en éprouve physiquement leur intensité, investie par leur poésie, l’image, l’émotion, l’engagement qu’ils dégagent. Elle entre en résonnance avec eux.
Ecrivains, philosophes, compositeurs l’accompagnent dans son quotidien. On y retrouve Damasio écrivain de science-fiction, Bachelard et Maldiney, philosophes et des compositeurs comme Arthur H pour ne citer qu’eux.
Notés dans ses carnets, les mots, les phrases peuvent rester plusieurs mois lovés entre ces pages.
C’est au cours de l’élaboration d’une sculpture, d’un tableau d’épingles qu’ils lui reviennent « en boomerang » pour marquer de leur empreinte ce qui deviendra le titre de son œuvre.
Les artistes comme Rothko, Bonnard, Le Bernin ou Pierrette Bloch, cette « pluralité du sublime » la ré-confortent dans son art.
Née dans une famille de bonnetiers, dont une génération a connu la crise des années 80 qui a vu fermer toutes les entreprises textiles, elle a pu constater, éprouver et a été marquée par ce que l’on nomme l’infraclasse (lutte au sein d’une même classe).
Contre cette lutte et pour trouver sa place, Sandrine Thiébaud Mathieu a pris une tout autre voie, celle de l’artiste, une artiste plasticienne comme elle se définit elle-même.
Et pour cela il fallait partir, se couper de ses origines, rejoindre Paris.
Après la peinture de chevalet qui représentait pour elle « l’Art », les épingles, petit outil de couture et de bonneterie, sont apparues en force au cours du temps et de son travail d’artiste. Elles ne sont pas le sujet principal de l’œuvre ; elles en sont le fondement et, sur cette base retrouvée, solide, le sujet de l’œuvre peut enfin s’autoriser à être pleinement.
« Je suis rattachée à tout ce monde »
« Je me sens à ma place. Je n’ai pas de doute dans ce travail d’épingles »
Bien que simples médiums, les épingles, mettent en valeur la structure, elles lui donnent forme, la consolident, la maintiennent, lui donnent force et vigueur.
Dans d’autres œuvres, quoiqu’en apparence peu visibles, des broderies amorcent son travail à venir du piqué des épingles. Elles construisent une géologie abstraite, soulignent des strates, des couches terrestres ou aériennes.
Sandrine Thiébaud Mathieu construit un tissage avec ses épingles, jouant de leur brillance ou leur matité, leur couleur, dorées ou argentées mais peut aussi jouer avec leurs têtes et leur inclinaison ou encore leur coloration comme dans le cas de l’utilisation d’épingles en verre de Murano. Son attachement familial fait qu’elle n’utilise que les épingles Bohin, « valeur sûre » ; celles qu’utilisaient sa famille.
Les œuvres de Sandrine Thiébaud Mathieu deviennent écriture.
« C’est ma manière d’interagir avec le monde »
Avec l'aimable collaboration de
S. Thiebaud Mathieu
9- Jusqu'aux lenteurs habitables.
10-Détail
11 à 13 - Le ciel peut attendre
14 & 15- Matière d'imagination pour pétrisseur paresseux
1 - A l'horizon de nos possibles
2- Détail
3- Cherche ton horizon
4- Détail
5 & 6- Contre les gravités qui nous mènent à la chute
6- Contre les gravités qui nous mènent à la chute
7 & 8- Impact
17 & 18 - Série perspectives italiennes - ligne de fuites
19 à 25 - Série Pluie d'été
26- Terre à terre
27 - Cours toujours
Photos de Fabien Calcaveccia
Photos de @Camille Thiebaud-Mathieu
Galerie photos:
Photos de Fabien S. Thiebaud Mathieu