Françoise Ferreux

Sculpteure d'un monde imaginaire

Découvrir le travail de cette artiste, c'est se plonger dans un monde fantasmagorique ou chacun peut laisser aller son imaginaire. le monde sous-marin peut y cotoyer la flore de nos montagnes. A chacun d'y voir ce qu'il veut y voir ou plutôt imaginer.

Comme un naturaliste, Françoise Ferreux, fascinée par la végétation de nos montagnes et le monde merveilleux des fonds marins laisse vagabonder son imagination.

Elle ne copie rien, elle crée.

Son matériel ? De la ficelle de lin, du fil assorti, des aiguilles et une paire de ciseaux sont les seuls éléments qu'elle utilise.

Elle aime les matières brutes. La sobrièté lui est nécessaire.

Sa démarche artistique est longue et répétitive, le geste simple.

Elle se veut et se sent par l'intermédiaire du fil et de l'aiguille profondément reliée au monde. C'est sa façon d'aller à l'essentiel, de "resserrer" les liens de notre humanité.

Sur sa table de travail, dans son atelier, Françoise va couper plusieurs longueurs de ficelle de lin - seule matière qu'elle travaille - et qu'elle va patiemment relier entre elles à l'aide de son aiguille et de son fil. Elle va ainsi créer une structure. Aucun tressage, aucun tissage.

Ce travail qui peut paraître fastidieux va être répété plusieurs fois pour pouvoir obtenir le nombre de morceaux désirés. Pourtant ce geste répétitif est aussi source de silence et de dialogue intérieur.

Françoise va alors pouvoir laisser son imagination "respirer". Elle va devenir sculpteure.

@Françoise Saur

Au rez-de-chaussée de l’Espace Malraux à Colmar, une Collection (l’artiste revendique le mot) de sculptures en brins de lin cousus avec du fil de coton. Aux murs de la mezzanine, des dessins au feutre noir sur papier. Et deux choix exigeants : la sobriété et la monochromie – grège en bas, noir en haut.

Avec ces quinze tables carrées spécialement conçues pour offrir aux pièces une présentation horizontale, le White Cube prend des allures de musée zoologique avec l’éventaire raisonné d’une naturaliste qui aurait collecté des tests d’oursins, des coquilles de nautiles ou de crustacés voire des bois flottés rejetés par le ressac et qu’elle aurait patiemment répertoriés avant de les exposer. Le matériau est pour beaucoup dans cette première impression : calcaire et sable avec la brûlure du temps qu’évoque la teinte écrue du lin. Mais d’autres similitudes surgissent et la fantaisie s’enflamme vers des spécimens inédits minutieusement (re)constituées. Des sculptures molles que le visiteur a envie de toucher (malheureusement c’est interdit, les pièces étant fragiles).

Françoise Ferreux fabrique et invente (plutôt dans cet ordre) des créatures, des organismes, des objets tout en fils de lin cousus ensemble (celui en coton est invisible sauf certains nœuds). Pas de tressage, ni de tissage. Et une évidente affinité avec ce textile (depuis 2008) et son ancrage : les bandelettes des momies égyptiennes étaient en lin et son usage était majoritaire jusqu’à sa marginalisation au XIXe siècle par le coton plus propice à la mécanisation.

Vous pouvez retrouver un article au sujet de Françoise Ferreux dans
"Au coeur du vivant" de Valérie Belmokhtar

D’en haut, le regard appréhende l’ensemble de la Collection. Sur un des murs – les autres sont nus –, une citation de Marcel Conche extraite du livre (2001) qui donne son titre à l’exposition.

L’artiste invoque volontiers ce philosophe (centenaire en mars) : L’évidence de la Nature et l’évidence de la mort ne sont qu’une seule et même évidence. Droit de vie, droit de mort… et Françoise Ferreux assume ce provisoire. Ses sculptures peuvent se découdre, se défaire. Néanmoins elle donne figure à l’infigurable et mesure à l’incommensurable. Un geste d’incarnation.

Ses dessins au feutre s’inscrivent dans la même démarche. Celui du geste : une forme minuscule – boucle, hachure, maille, lignes parallèles… – dont la répétition engendre les représentations – microcosme ou macrocosme – avec plis et replis, textures végétales ou minérales, cartographie ou drapés… Le faire précède le concept et une énergique vie du trait sous-tend la maîtrise technique alors que ses œuvres dégagent beaucoup de douceur.

Linné considérait que la connaissance scientifique nécessite de nommer les choses. Aujourd’hui celles-ci disparaissent, alors Françoise Ferreux dessine, coud, fantasme de nouveaux spécimens pour compenser cet appauvrissement taxinomique. Avec une exigeante modestie.

Par Luc Maechel

"Choisir la labeur pour arriver à une grande liberté" Françoise Ferreux

L'artiste ne part jamais avec une idée préconçue de ce qu'elle souhaite. Ce sont les gestes, l'imagnation, la texture qui vont ouvrir le chemin de la méditation nécessaire à la création.

Come un potier, elle va modeler sa sculpture. Les différents morceaux texturés vont être assemblés, tordus, caressés, coupés, défaits, recousus pour arriver à la forme qui plaît alors à sa créatrice.

C'est un travail long et difficile. Il faut de la persévérance et de la patience.

L'abstraction de la couleur est un choix délibéré. L'ensemble de l'oeuvre doit refléter un sentiment de naturel, de simplicité mais aussi de mystère.

"Je veux parler de la VIE" Fr. Ferreux

Il y a en outre, un côté fascinant dans le travail de Françoise Ferreux. Ses oeuvres ne sont pas figées dans le temps. Elle peut, si elle le souhaite, les reprendre, les remodeler, les transformer, les faire évoluer.

L’artiste nous offre sa collection imaginaire.

A nous d’y déceler la part de mystère nichée en son sein, cette vie si fragile et pourtant si présente.

Avec l'aimable collaboration de Françoise Ferreux

Galerie photos:
@Françoise Ferreux

Diamétres: 100cm et 150 cm

Diamétres de 14cm à 30 cm

@Carolle Masson.

Exposition "De la présence de la Nature"2022

Espace d'art contemporain

André Malraux à Colmar.